BoDoï, la newsletter : à lire ou pas cette semaine
L'équipe de BoDoï a concocté pour vous une nouvelle lettre d'infos pour vous repérer au mieux dans la jungle des sorties BD. Avec des points de vue bien tranchés.
En trois mots
Ou comment tenter de vous convaincre de lire un album en moins de temps qu'il ne faut pour dire "Mille milliards de mille sabords".
Par Benjamin Roure.
Oh, Lenny. Par Aurélien Maury, Tanibis, 328 p., 27 €.
SO CUTE. June, assistante vétérinaire très à cheval sur le bien-être animal, doit quitter son job et son train-train pour suivre son mari tout juste promu dans une nouvelle ville. Les voilà dans une maison clinquante, semblable à cent autres dans un lotissement bien rangé. Mais ce petit monde si parfait va être bousculé quand June adopte une étrange créature trouvée à la sortie des égoûts, bestiole repoussante entre le porc, le chien et le crapaud. Et elle l’aime tant qu’elle le baptise Lenny…
CONTRASTE. La ligne claire classique et épurée – Aurélien Maury puise chez Chaland et Ted Benoit – donne un aspect très lisse à cette histoire, accentuant le quotidien morne d’un couple ennuyeux. Mais dès que ce charmant Lenny commence à réclamer sa dose de sang quotidienne à June, ce design sans aspérité produit un effet troublant. La saveur de l’alliance du chic et du gore.
DÉRANGEANT. Variation autour du vampirisme et d’un amour maternel dévorant, ce gros one-shot lorgne chez David Cronenberg ou Julia Ducournau, pour produire une fiction horrifique délicieusement perturbante. Qui, en n’hésitant pas à emprunter quelques ressorts à la série B, parvient à aller jusqu’au bout de son idée, radicale.
Une histoire et au lit !
Focus sur un album illustré pour enfants.
Par Romain Gallissot.
Crocus, l’essayer, c’est l’adopter. Présent dans les séries Tulipe et Le Club des amis, le petit serpent de Sophie Guerrive s’émancipe. Il faut dire qu’il est tellement craquant qu’il lui fallait bien une collection rien que pour lui, afin de lui permettre de mieux se connecter aux enfants. Dans ces petits albums cartonnés au format carré, il revisite avec délice le quotidien des marmots. Caca, école, bêtises, monstres et légumes verts, on retrouve les grands classiques, avec l’humour si particulier de cette autrice intergénérationnelle.
Crocus aime le bruit / Crocus et les monstres / Crocus et le caca / Crocus et l’école / Crocus est puni / Crocus et les légumes. Par Sophie Guerrive, éd. 2024, coll. 4048, 24 p., 8,90 €.
Radar alternatif
Un regard perçant sur la bande dessinée indépendante et alternative.
Par Frédéric Hojlo.
On est en finale. Par Camille Blandin. Misma, 164 p., 22€.
Attention au premier réflexe avec ce livre en mains ! Car le lancer pourrait être préjudiciable à sa lecture. La couverture de la nouvelle bande dessinée signée Camille Blandin est si proche d’un ballon de basket-ball qu’il faut réfréner la tentation de dribbler ou de shooter avec. Illusion tactile autant que trompe-l’œil, cette couverture à la fabrication hors norme est plus qu’un trait d’humour potache ou un signe distinctif en temps de librairies surchargées, c’est une véritable introduction à l’œuvre subséquente.
Camille Blandin y raconte la finale départementale d’un championnat de basket. L’équipe outsider, arrivée là grâce à une série de hasards fort improbables, fait pâle figure face aux favoris. Mais la glorieuse incertitude du sport n’est pas un mythe, en tous cas pas chez Misma…
Drôle et bien rythmée, cette bande dessinée séduira bien au-delà des amateurs de compétitions sportives. Le récit allie plusieurs genres d’humour – du slapstick à l’absurde – à une solide cohérence – unité de temps, de lieu et d’action – et se révèle moins léger qu’il n’y paraît en défendant des valeurs positives telle la solidarité. Un joli condensé de l’esprit Misma, donc.
Les 6 albums étranges du moment
Vous pouvez les acheter les yeux fermés (mais n’oubliez pas de les rouvrir).
Le Roi Méduse T1. Par Brecht Evens (Actes Sud).
La Harde. Par Marijpol (Atrabile).
Le Feu de Saint-Antoine. Par Nicolas Pegon (Réalistes).
Le Dieu Fauve. Par Fabien Vehlmann et Roger (Dargaud).
Mean Girls Club - La vague rose. Par Ryan Heshka (Les Requins Marteaux)
Land. Par Kazumi Yamashita (Mangetsu).
Suivez-la !
Un extrait de l’Insta de Natacha Le Fauconnier, alias bd_fil.
Voyage avec un âne. Par Christian Perrissin (scénario) et Michael Sterckeman (dessin), d'après R.L. Stevenson, Futuropolis, 176 p., 23 €.
Une adaptation du célèbre récit de voyage de Stevenson que je n'ai pas lu. (Mais j'ai vu Antoinette dans les Cévennes, ça compte ?)
Ma devise : ne jamais rater une occasion de combler ses lacunes littéraires. C'est pourquoi je me suis jetée sur cette BD qui retrace le chemin de l'écrivain écossais en 1878, qu'il a lui-même raconté dans Travels with a Donkey in the Cévennes (1879).
Fauché, le cœur brisé par un amour impossible, Robert Louis, alors âgé de 28 ans, a l'idée (saugrenue) de partir randonner dans les Cévennes. Pour porter son barda, il achète un âne (contre 65 francs et un verre d'eau-de-vie), qu'il baptise Modestine. Destination : Alès, à une douzaine de jours de marche.
J'aurais aimé dire qu'aucun animal n'a été maltraité dans cette aventure, mais hélas, c'est là que le bât blesse. Modestine étant aussi têtue que sa réputation le prétend, Stevenson commence par lui donner des tapes, puis du bâton, avant que des paysans du coin ne lui fournissent des instruments de plus en plus blessants. Puis il se rend compte que l'âne, c'est lui. (…)
À (re)voir sur le site
La 18e édition du festival BD Fil de Lausanne, en Suisse, vient de s’achever. BoDoï vous propose de (re)découvrir en images ses chouettes expositions.