Une nouvelle newsletter BD
L'équipe de BoDoï a concocté pour vous une nouvelle lettre d'infos sur l'actualité de la bande dessinée, pour vous repérer au mieux dans la jungle des sorties. Avec des points de vue bien tranchés.
En trois mots
Ou comment tenter de vous convaincre de lire un album en moins de temps qu'il ne faut pour dire "Mille milliards de mille sabords".
Par Natacha Lefauconnier.
Bordeterre #1 - Les âmes débordées. Par Timothée Leman, Sarbacane, 96 p., 22 €.
FANTASY. La jeune Inès et son ado de frère, Tristan, passent des vacances pépères au camping, jusqu’au jour où, en rentrant du village, ils tombent d’une falaise en voulant rattraper leur chien. Ils se réveillent près d’une ville surplombée d’un château et enveloppée d’une brume malsaine. Avec ce premier volet d’une quadrilogie, Timothée Leman réussit une superbe adaptation du roman de Julia Thévenot. Il ne manque ni d’imagination ni de talent pour représenter des enfants évanescents et des ambiances aussi belles qu’inquiétantes.
CHANT. Dans cet univers parallèle, l’énergie est aussi une denrée rare. La seule façon d’en produire est d’alimenter le moulin du village avec des pierres de quartz et des chants. Une belle occasion de renouer avec le répertoire des comptines de l’enfance et des grandes chansons françaises, de Dalida à Nana Mouskouri.
RÉSISTANCE. Ce récit d’aventure haletant raconte une lutte des classes : trois familles se sont partagé le pouvoir et l’économie de la ville, tous les autres enfants sont à leur service. Séparés dans deux camps adverses, Inès et Tristan subissent le même sort que tous les arrivants : leur mémoire du passé s’efface et ils n’ont plus souvenir de l’existence de l’autre. Tension et suspense garantis !
Couv ratée, manga de l’année ?
Par Le Libraire grognon.
Malgré le poncif, il est difficile de ne pas juger un livre à sa couverture : un joli dessin aguicheur, c'est la garantie de suciter la curiosité des lecteurs. Mais ce qui se voit à l'extérieur ne fait pas forcément de bien à l'intérieur...
Une couverture ratée est donc toujours une surprise, surtout pour le premier tome d'une série : et si c'était encore pire à l'intérieur ?
C'est ainsi que The Bugle Call #1 (par Mozuku Sora et HIgoro Toumori, éd. Ki-oon) est arrivé en rayon, tout auréolé de sa couverture où rien ne va : la typo catastrophique du titre est quasi illisible, le héros ressemble à une statue au premier plan, les rayons incompréhensibles qui coupent, le reste de l'image est perdu en arrière plan...
Heureusement, c'est la beauté intérieure qui compte : les dessins sont léchés, précis et clairs, malgré le niveau de détails. Le lecteur n'est jamais perdu lors des scènes d'actions, épiques.
Le scénario commence sur des bases convenues mais s'etoffe rapidement, multipliant les enjeux et les personnages complexes. En résumé : orphelin adopté par une bande de mercenaires pour devenir leur clairon, Luka rêve de devenir ménestrel. Malheureusement la guerre est partout et il ne sait pas lire la musique... Pire, Luka a le pouvoir de guider les hommes grâce à sa musique, tel le joueur de flûte de Hamelin, ce qui fait de lui un atout indispensable durant les batailles.
Couverture ratée, mais nouvelle série la plus prometteuse de cette année.
Les 6 albums jeunesse du moment
Vous pouvez les acheter les yeux fermés (mais n’oubliez pas de les rouvrir).
Ados à deux. Par Tegan Quin, Sara Quin et Tillie Walden (Gallimard).
Aurore et l’orc T1-2. Par Lewis Trondheim (Albin Michel).
Le Royaume d’après T1. Par Marc Dubuisson et Margaux Saltel (Le Lombard).
Petits Dieux T1. Par Mathieu Salvia et Krystel (Dargaud).
Les Vacances de Nana et Nini. Par Margaux Farnout (Biscoto).
L’Escalier des souvenirs. Par Jade Zhang (Kinaye).
Non merci.
Un album qu’on aurait mieux fait de ne pas lire.
Par Benjamin Roure.
Les Chevaliers de l’étrange #1 - La légende des Mortelune. Par Anaïs Halard et Giusy Gallizia (Oxymore, coll. Métamorphose).
On avait aimé l’insolite et trépidante série Sasha & Tomcrouze d’Anaïs Halard, déjà chez Métamorphose. Mais là : un club des 5 à 3, avec deux ados bien fades et une championne de pétanque improbable, qui combattent des fantômes verdâtres dans des ruines bucoliques convoitées par un promoteur qui veut en faire un supermarché ? Non merci.
Il y a bien quelques décors sympas, une jolie lumière et une promesse d’enquête fantastique haletante. Mais tout est bancal, comme les personnages aux membres bizarres quand ils courent. Ou ahurissant, notamment cette page où Jamila explique que si elle fait de la taule, c’est parce qu’elle a été braqueuse, car mère célibataire c’est vraiment pas facile, tu sais. Ou hallucinant, lors d’actions idiotes comme respirer sous l’eau par des roseaux (mais qui fait encore ça?). Une somme de détails pénibles dans un album globalement poussif au titre bizarrement rétro.
À voir ailleurs
Le Musée de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon propose l’exposition “Lectures de Miyazaki”, sur les influences du réalisateur de Mon voisin Totoro, et sur l’impact qu’il a laissé aux créateurs après lui. Par exemple, le magazine Kiblind a demandé à dix illustrateurs de créer une image inspirée d’un de ses films. Comme ici, Princesse Mononoké par Simon Roussin.